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Bible-02-réponses-Marc 2, 1-12: le paralytique

Marc 2, 1-12

 

Évangile (traduction TOB)

1 Quelques jours après, Jésus rentra à Capharnaüm et l’on apprit qu’il était à la maison.

Questionnement

[1] Est-ce qu’on ne fait pas dire au texte ce qu’on veut ?

Réponse brève [note]+►= élaborée

[1] Question essentielle, à laquelle on peut tout de suite répondre "non" car le texte résiste ! [1]

 

2 Et tant de monde s’y rassembla qu’il n’y avait plus de place, pas même devant la porte. Et il leur annonçait la Parole.

3 Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé porté par quatre hommes.

[1] Pourquoi Jésus ne sort- il pas ?

 

[2] Jésus sentait-il que les hommes venaient avec ce paralysé ?

 

[3] Pourquoi ne pas guérir tous les malades ? Beaucoup prient mais rien ne se passe.

[1] La "sortie" de Jésus est sa Résurrection à laquelle il nous invite à participer. Mais pas plus que lui nous ne faisons l'économie de l'entrée en agonie.[2] 
[2] Non ! L'incarnation est à prendre au sérieux. Jésus n'est ni gourou ni voyant extra-lucide...[3]
[3] Toutes les guérisons ne sont pas racontées, loin s'en faut, mais de fait, Jésus ne guérit pas tout le monde...[4]
 
 
4 Et comme ils ne pouvaient l'amener jusqu'à lui à cause de la foule, ils ont découvert le toit au-dessus de l’endroit où il était et, faisant une ouverture, ils descendent le brancard sur lequel le paralysé était couché.

[1] Et si le paralysé n’avait pas pu accéder dans la maison, s’approcher de Jésus, comment aurait-il été guéri ? (Question de ceux qui n’osent pas demander, qui sont trop loin, qui ne sont pas entendus.)

 

[2] Pourquoi cette symbolique du toit ? Quelle en est l’explication ?

[1] Superbe remarque qui aide à prendre conscience de notre responsabilité dans la mission. Prendre soin de nous-même, prendre soin de l'autre, le prochain... [5]
[2] La lecture "symbolique" n'est pas évidente aujourd'hui car nos contemporains sont spontanément portés à la lecture scientifique qui s'efforce de coller à la littéralité du texte. [6] 
 

5 Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Mon fils, tes péchés sont pardonnés. » 

6 Quelques scribes étaient assis là et raisonnaient en leurs cœurs :

7  « Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui peut pardonner les péchés sinon Dieu seul ? "

[1] Quid du paralytique ? Son avis, sa parole, son souhait ? Un prétexte, un faire-valoir ? On amène à Jésus le paralytique et personne ne parle, ni les porteurs, ni le paralysé.

 

[2] Est-ce le poids des péchés du paralytique qui l’empêche de marcher ? Le paralysé l’est-il de ses péchés. 

 

[1] Magnifique manière de laisser entendre qu'il y a plus dans ce texte que ce qui apparaît. L'intelligence du coeur cherche à savoir ce qui se cache et pourtant se révèle aussi. [7]
[2] C'est ce que beaucoup pensent au temps de Jésus, dont les disciples. C'est aussi ce que l'on dit souvent aujourd'hui en ajoutant implicitement : Dieu l'a puni... Or Jésus révèle un tout autre visage de Dieu. Dans cet exemple, c'est lui qui, en prenant ainsi la parole, se fait condamner.[8]  
 

8 Connaissant aussitôt en son esprit qu'ils raisonnaient ainsi en eux-mêmes, Jésus leur dit : "Pourquoi tenez-vous ces raisonnements en vos cœurs ?

9 Qu’y a-t-il de plus facile, de dire au paralysé : ‘Tes péchés sont pardonnés’, ou bien de dire : « Lève-toi, prends ton brancard et marche’ ?

10 Eh bien ! afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a autorité pour pardonner les péchés sur la terre, il dit au paralysé :

[1] Jésus a-t-il réussi à convaincre toute la foule, qu’il  était le Fils de Dieu ?

 

[2] Pourquoi Jésus va-t-il dans le sens des  scribes en guérissant le corps du paralytique alors que déjà l’essentiel était déjà fait (pardon des péchés) ? Autrement dit , Jésus se sent-il obligé de donner des preuves aux hommes de qui il est ?

 

[3] Le paralysé est-il dans l’histoire ou bien, est-il utilisé (un artifice) pour faire passer un message : il faut se relever, ne pas rester figé dans ses erreurs ? Est-ce un texte historique ? Le paralysé est-il une personne physique ou représente-t-il autre chose ?

[1] Certes non ! et cet épisode le montre bien. Jésus reste signe de contradiction, c'était vrai il y a 2000 ans , ça l'est toujours. Son être, ses paroles, ses actes invitent à prendre position.[9]  
[2] Les scribes appartiennent au courant officiel du Judaïsme de l'époque, qui, comme aujourd'hui en comportait de nombreux. Au courant officiel s'opposait, depuis le retour d'exil et dès la naissance du Judaïme, le courant apocalyptique pour lequel opte Jésus.[10]  
[3] La visée de Marc est la catéchèse. Son utilisation de l'histoire est donc codée par le langage croyant et ici, chrétien. C'est à partir de ces codes que le texte prend sens. Le langage catéchétique cherche à affermir la foi de témoins à partir de témoins.[11]   
 

11 'Je te dis : lève-toi, prends ton brancard et va dans ta maison." »

12 L’homme se leva, il prit aussitôt son brancard et il sortit devant tout le monde, si bien que tous étaient bouleversés et rendaient gloire à Dieu en disant : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. »

[1] Pourquoi cette insistance sur le "grabat" ? "Lève-toi, prends ton grabat puis il repart avec son grabat. C’est peut-être anecdotique.

[2] Quel est le sentiment du paralysé quand il prend son brancard et sort devant tout le monde ?

[3] Pourquoi le paralytique n’a aucune hésitation lorsque Jésus lui ordonne de se lever ?

[4] Qui a été guéri de ses péchés ? le groupe ? ou le paralysé ?

[5] Pourquoi systématiquement parler de miracle ? Comment croire aux miracles ? Pourquoi les miracles existent-ils ? Est-ce un miracle ou un mystère ?

[6] Pourquoi aussi peu de remerciements, de reconnaissance dans les récits de guérison ?

[1] Rien n'est anodin dans la langue catéchétique. Pour le témoin, chaque objet est un indice qui renvoie à plus loin. La lecture allégorique sait rebondir sur ces signes.[12]  
[2] La question vaut d'abord pour nous qui nous la posons, car Marc reste discret sur ce point.[13]   
[3] Précisons d'abord qu'il s'agit du "paralytique" que Marc présente... Ses auditeurs romains savent décoder son langage et ses allusions.[14]    
[4] Les deux et les uns par les autres au nom du Seigneur Jésus.[15] 
[5] Chez Marc, miracle traduit le mot "dunamis", force, puissance. Jean utilise le mot "sêmeion", signe. Toutes les religions parlent de "miracle", mais Jésus de manière originale.[16]  
[6] Le merci, la reconnaissance, la gratitude, l'action de grâce, "l'eucharistie" supposent une matûrité spirituelle développée.[17]  
 
 

 



  1. ^ La relation au texte est semblable à la relation à une personne, elle suppose la reconnaissance de l'altérité. L'autre est un vis à vis dont je ne peux pas "faire ce que je veux" !
  2. ^ Comme je le propose sur la fiche, à la suite de Claude et Jacqueline Lagarde et des Pères de l'Église, tout dans ce texte se joue en effet autour du mouvement d'entrée / sortie. "Jésus est rentré à la maison, ce qui permet au paralysé d’en sortir. Tel est le mouvement du récit qu’il va falloir comprendre." La "porte" revêt alors une signification hautement symbolique.
  3. ^ Simplement un homme ! Sans la décision, la démarche, le courage, l'inventivité des porteurs, jamais le paralysé ne se serait trouvé aux pieds de Jésus.
  4. ^ La liberté humaine dialogue avec la liberté divine. Ce dialogue s'exprime dans la foi de l'un et de l'autre qui se rencontrent comme on le voit à toutes les pages de l'Évangile et dans celle-ci en particulier où un choix radical s'opère dans le coeur de ceux qui participent ou assistent pourtant à la même expérience.
  5. ^ Le vrai mystique est réaliste, il a les pieds sur terre et s'il a le coeur sur la main, c'est qu'il l'a bien en main ! "Christ, Tu n'as pas de mains, Tu n'as que nos mains pour faire ton travail aujourd'hui."
  6. ^ Cette question permet de distinguer le "sens littéral" du "sens allégorique". La lecture allégorique, abondamment pratiquée par les Pères de l'Église, permet de s'ouvrir au "sens spirituel" du texte. Pour en avoir un aperçu, par rapport à cette question du "toit", vous pourriez en repérer les occurrences dans cette étude de Thomas d'Aquin qui donne la parole à quelques Pères: "Car ce toit figure l'intelligence qui domine toutes les puissances de notre être. Cette intelligence tient beaucoup à la terre, si l'on considère les tuiles faites d'argile, c'est-à-dire les choses terrestres qui l'enveloppent. Mais si on les soulève, la vertu de notre intelligence, comme allégée, retrouve toute sa force. Il faut ensuite nous faire entrer par cette ouverture, c'est-à-dire il faut que l'âme s'humilie ; car elle doit, non s'enfler de ce que l'intelligence est délivrée d'un accablant fardeau, mais s'humilier davantage. — Bède. Ou bien encore, le malade est introduit par le toit entr'ouvert, pour signifier qu'on parvient à la connaissance du Christ, par les mystères des Écritures qui nous sont découverts, c'est-à-dire qu'on descend jusqu'à ce Dieu humilié, par une foi pleine de piété." 
  7. ^ En fait, c'est Jésus qui prend la parole et se fait porte-parole du paralysé: au vu de la foi de celui-ci, il constate "Dieu t'a remis tes péchés". Ce qui revient à reconnaître la parole en acte vécue par l'infirme et ses compagnons : s'ils sont là c'est qu'ils ont cru au pardon du Père. Ceux qui veulent approfondir ce point peuvent se référer à la note "Le paralytique pardonné : blasphème ou premier pardon ?" de cette page de referen-ciel.
  8. ^ On a donc ici la mise en oeuvre de ce que tant de pages des Évangiles redisent : Dieu prend la pire des places. C'est quand nous le réalisons, "Il m'a aimé jusque-là ! ", que nos yeux s'ouvrent véritablement. Dans sa catéchèse, Marc rapporte donc ce témoignage qui permet aux chrétiens de se reconnaître pour faire de même.
  9. ^ À travers les scribes et le paralytique Marc met en valeur deux visions opposées de la relation au bien/mal, salut/mort, pardon/péché, et donc à Dieu. Du côté des scribes un lien intrinsèque entre le péché et la maladie et le seul recours possible au Temple pour le pardon. Du côté du paralytique, la reconnaisance du pardon de Dieu en Jésus.
  10. ^ "Il est tout à fait possible que des scribes, s'ils acceptent le courant apocalyptique qui croit au retour d'un prophète, aient compris cette proclamation du pardon de Dieu faite par son prophète. S'ils s'en offusquent, c'est qu'ils ne sont pas dans ce courant apocalyptique et voient, dans l'annonce du pardon de Dieu par le prophète, un mépris du Temple. Ils lui adressent donc une accusation de "blasphème" comme ils le faisaient vis-à-vis des gens de Qumran qui refusaient le Temple comme impur (4QMMT). Ce miracle jouerait alors chez Marc le rôle que joue les "vendeurs chassés du Temple" chez Jean (Jn 2,13-20). Les scribes font la remarque : "Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul !" On ne peut pas leur reprocher cette remarque. Jésus est donc bien le prophète de ce pardon de Dieu, le paralytique le croit et eux le refusent." (Jacques Bernard)
  11. ^ Est-ce à dire que l'épisode raconté n'est pas authentique ? Tout au contraire ! Il était tellement attesté et connu que le récit évangélique en creuse le mystère et d'une certaine manière le rend plus vrai que vrai en ce sens que même des témoins réels, des disciples peut-être, ont très bien pu n'y rien "voir", n'y rien comprendre sur le coup. Pour beaucoup, il faudra l'expérience pascale pour "déchirer le voile", et sans doute un peu plus, comme on le voit sur la route d'Emmaüs.
  12. ^ Par exemple : " théophyl. Disons encore qu'il faut emporter son lit, c'est-à-dire soulever son corps, pour opérer le bien ; car ce n'est qu'alors que nous pourrons parvenir aux sublimes hauteurs de la contemplation, et dire au fond de notre cœur : Jamais nous n'avons vu avec tant de clarté, c'est-à-dire jamais nous n'avons si bien compris les célestes vérités, que depuis la guérison de notre paralysie ; car celui qui est purifié du péché, a l'œil de l'âme plus limpide et plus pur ." (Cité par Thomas d'Aquin)
  13. ^ Mais la visée première n'étant ni morale ni psychologique, il faut interpréter ce "bouleversement" auquel Marc renvoie. Il s'agit avant tout de la démarche de foi qui renouvelle fondamentalement la vision de la réalité en épousant le point de vue de Dieu. Paradoxalement, les signes en sont la paix et la joie.
  14. ^ L'enseignement de Marc porte sur l'audace et la paix de la foi en Jésus. En reprenant le témoignage du paralytique, il confirme cette audace et cette paix car le choix du malade a été accompli dans son coeur bien avant de se retrouver aux pieds de Jésus qui joue comme une "apocalypse", une révélation, un dévoilement pour le bien de tous et la plus grande gloire de Dieu.
  15. ^ Tout enseignement sur la foi est enseignement sur l'Église. Tout ce qui vaut pour la personne vaut pour la communauté.
  16. ^ La question renvoie à la réflexion plus générale de la relation entre foi et raison. De ce point de vue, il est intéressant de noter que la question évoque le "mystère". En effet, si les miracles de Jésus ont certes à voir avec la "puissance", c'est beaucoup plus une ouverture au mystère de la rencontre de Dieu dans le plus banal de nos existences. Pour le chrétien il n'y a pas plus à s'émerveiller de l'action de Dieu dans telle ou telle circonstance particulière que dans la vie courante puisqu'il est toujours présent, agissant et aimant : "Qu'y a-t-il de plus facile..." Ses "miracles" sont caractérisés par leur humanité, leur urgence et la discrétion qui les entoure.
  17. ^ Quand je voulais faire sentir cet enjeu à des 6èmes, je leur demandais s'ils se considéraient comme des ados, ou encore comme des enfants ! Après le cinéma de ceux qui "se la pétaient" en se prétendant "grands" je leur proposais un test simple : au retour de tes vacances de Noël, prends une balance. Sur un plateau mets tous les cadeaux reçus, sur l'autre tous les cadeaux que tu as faits. Selon le côté où penche ta balance tu sauras si tu joues dans la cour des grands ou des petits... Et dis-toi, au passage, que tu es sans doute encore loin du vrai cadeau de Noël !
  18.