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Bible-02-Mc1,1-12-Lève-toi, prends ton grabat et marche

Faire le bien ou faire le bien de l'homme ?

1- La parole de Dieu : une inspiration personnelle

Ose-01

Presque rien, juste un pas, Et venir plus près
D'autres liens d'autres voix, Au moins essayer
L'étincelle qu'on reçoit, Au premier regard
L'étincelle vient de toi, S'envole au hasard
Et peut tout changer

« La chaîne de l’inspiration, c’est Dieu qui en est le premier maillon. D’autres suivent, qui ont entendu ; d’autres qui ont écrit. Mais il appartient  à tout lecteur de boucler la chaîne, de prendre des risques : celui de l’interprétation, celui de la confrontation à son existence. A ce moment-là, il devient aussi un lecteur « inspiré » parce que engagé, non pas simplement un voyeur ou un bavard. »

 

La Bible mode d’emploi, Jean-Claude Verrecchia (p 84)

ose-02
Alors... Ose,
Redonne à ta vie
Sa vraie valeur
Ose, ose
Redonne à ce monde
Toutes ses couleurs.
ose-03
Presque rien, un silence, Qu'il faut écouter
Un chemin, une chance, Qu'on peut partager
Pas de doute, pas de peur, Tu peux avancer
Fais ta route, Il est l'heure
Tu dois essayer, Tu dois tout changer
ose-04
Ose, Ose
Redonne à ta vie
Sa vraie valeur
Ose, Ose
Redonne à ce monde
Toutes ses couleurs.
ose-05
Yannick Noah, Ose
ose-06

2- Comment l'Église lit-elle les Écritures ?

Les Écritures divines et humaines

Le concile Vatican II regarde les Écritures comme inspirées par Dieu lui-même « parce que, composées sous l’inspiration du Saint-Esprit, elles  ont Dieu pour auteur, et ont été transmises comme telles à l’Eglise elle-même. »
Dei Verbum 11
Mais cette inspiration passe par l’homme : « Dieu parle dans la Sainte Ecriture par des intermédiaires humains, à la façon des hommes. »
Dei Verbum 11

« Les paroles de Dieu, en effet, exprimées en des langues humaines, se sont faites semblables au langage humain, tout comme autrefois le Verbe du Père éternel, ayant pris la chair de la faiblesse humaine, s’est fait semblable aux hommes. »
Dei Verbum 13

Pas d’Ecritures saintes sans Tradition

La Tradition et les Ecritures saintes sont étroitement liées : « Toutes deux, en effet, découlant de la même source divine, se réunissent, peut-on dire, en un seul courant, et tendent à la même fin.

C’est pourquoi l’Écriture et la Tradition doivent être reçues et vénérées l’une et l’autre avec un égal sentiment de piété, avec un égal respect. »
Dei Verbum 9

Le rôle du Magistère
 

Comme l’exprime le Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC), le Magistère, c’est-à-dire les évêques en communion avec le successeur de Pierre, garantit l’interprétation des Ecritures et de la Tradition.
Catéchisme de l’Eglise Catholique 85

Pourtant le « Magistère n’est pas au-dessus de la parole de Dieu, mais il la sert. » (CEC 86) Et « tous les fidèles ont part à la compréhension et à la transmission de la vérité révélée. Ils ont reçu l’onction de l’Esprit-Saint qui les instruit (1 Jn 2, 20, 27) et les conduit vers la vérité tout entière (Jn 16, 13) » (CEC 92) C’est ce qu’on appelle le « sensus fidei »

Évangéliaire de saint Mihiel

Évangéliaire de saint Mihiel, © Université catholique de Lille

Les apôtres sont revêtus de l'Esprit du Christ; ils tiennent en leurs mains l'Écriture et sont liés les uns aux autres. Dans leur collégialité, ils annoncent la personne du Christ.

 

Qui donc est capable de comprendre toute la richesse d’une seule de tes paroles, Seigneur ? Ce que nous en comprenons est bien moindre que ce que nous en laissons, comme des gens assoiffés qui boivent à une source. Les perspectives de ta parole sont nombreuses comme sont nombreuses les orientations de ceux qui l’étudient. Le Seigneur a coloré sa parole de multiples beautés, pour que chacun de ceux qui la scrutent puisse contempler ce qu’il aime. Et dans sa parole il a caché tous les trésors, pour que chacun de nous trouve une richesse dans ce qu’il médite. La parole de Dieu est un arbre de vie qui, de tous côtés, te présente des fruits bénis ; elle est comme ce rocher qui s’est ouvert dans le désert pour offrir à tous les hommes une boisson spirituelle. Selon l’Apôtre, ils ont mangé un aliment spirituel, ils ont bu à une source spirituelle.

Ephrem, diacre, v. 306-373, Diatessaron, 1, 18 19.

   

3- Évangile Mc 2, 1-12 L'homme tout entier !

 Evangile (Traduction TOB)  Questionnement Correspondances

1 Quelques jours après, Jésus rentra à Capharnaüm et l’on apprit qu’il était à la maison.

Jésus rentre à Capharnaüm, dans la maison, alors qu’il semblait ne plus pouvoir entrer ouvertement dans une ville. Un Jésus qui se cache et qui est pourtant homme public : la foule est là qui le cherche. Il se cache mal, dans cette maison qui semble si évidente à l’évangéliste : la maison comme on dit dans Matthieu la montagne (Mt 5,1) Jésus rentre dans la ville comme il était déjà entré (Mc 1,21) et comme il entrera dans une maison païenne (7,24) ou dans celle du mort (5,39) ou « à la maison » (9,28). Les saintes femmes sont entrées au tombeau (Mc 16,5).

 

2 Et tant de monde s’y rassembla qu’il n’y avait plus de place, pas même devant la porte. Et il leur annonçait la Parole.

3 Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé porté par quatre hommes.

La foule a investi la maison. Dedans, dehors ? Mais une foule dans une maison n’est pas chose banale. Et pourquoi souligner « devant la porte » ? N’est-ce pas le premier lieu investi quand on veut entrer ? Ce détail serait-il là pour nous faire réfléchir ? Il est en tout cas bizarre.

La « Parole » : voilà un mot nouveau qui apparaît dans le texte évangélique, il renvoie à l’Ancien Testament. Est-ce pour cela que Jésus est rentré à la maison ? Ce n’est pas le meilleur endroit pour une audience publique.

Le paralysé sort de la maison, Jésus était sorti lui-même, d’abord de la synagogue (1,29), puis de la ville (1,35 et 1,38). Jésus sort souvent (2, 13). Le semeur est sorti pour semer (Mc 4,3)… On retrouvera cette image avec le ‘dedans’ et le ‘dehors’ des paraboles (Mc 4,11)

La porte rappelle la porte de la ville (1,33), peut-être aussi la crucifixion de Jésus à la porte de Jérusalem, peut-être la pierre roulée du tombeau (Mc 16, 3) En saint Jean, Jésus se dit être la porte (Jn 10,7).

4 Et comme ils ne pouvaient l'amener jusqu'à lui à cause de la foule, ils ont découvert le toit au-dessus de l’endroit où il était et, faisant une ouverture, ils descendent le brancard sur lequel le paralysé était couché. 

Luc dit explicitement : « ils montèrent sur le toit » (Lc 5,19) Pas Marc.  Pourquoi ne pas avoir souligné ce détail qui exprime bien la fatigue des porteurs : il est plus facile de descendre que de monter ?

L’expression « creusé un trou » qui est peut-être préférable à la traduction « pratiquer une ouverture », est peu adaptée au toit d’une maison palestinienne faite de branchages (terrasse d’été).

La descente pourrait être rapprochée de la descente aux Enfers du Credo, de la descente au royaume des morts (1P3, 18), du Baptême qui est une descente au fond de l’eau, une immersion précédant une remontée (Mc 1,10). On retrouve ce mouvement vers le bas quand les cochons du Gérasénien se sont précipités de la montagne au fond de l’eau (Mc 5, 13). Cette image de la descente nous vient de l’Ancien Testament (Ez 32, 18-23 et Is 145, 9-11).

5 Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Mon fils, tes péchés sont pardonnés. » 

6 Quelques scribes étaient assis là et raisonnaient en leurs cœurs :

7  « Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui peut pardonner les péchés sinon Dieu seul ? "

L’expression « voir la foi » est bizarre. N’aurait-il pas été plus juste de dire « voir leur ténacité » ? Comment peut-on voir la foi ?

Bizarrerie de  la remise des péchés que les scribes ont tout de suite notée sans difficulté puisque Dieu seul remet les péchés.

Le qualificatif « enfant »BJ) « fils » (Tob) donné par Jésus au paralysé se retrouve souvent dans les évangiles, depuis « l’enfant Jésus » jusqu’à l’enfant que le Seigneur a fait placer au milieu de ses disciples dans la maison (Mc 9, 36). Voir aussi Mc 10, 24 et Jn 21, 5. L’expression « enfants » ou « petits enfants » est rapprochée par Jean de la confession des péchés (1 Jn 1, 8 à 2, 1). Il faut sans doute rapprocher cette expression du Notre Père.

8 Connaissant aussitôt en son esprit qu'ils raisonnaient ainsi en eux-mêmes, Jésus leur dit : "Pourquoi tenez-vous ces raisonnements en vos cœurs ?

9 Qu’y a-t-il de plus facile, de dire au paralysé : ‘Tes péchés sont pardonnés’, ou bien de dire : « Lève-toi, prends ton brancard et marche’ ?

10 Eh bien ! afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a autorité pour pardonner les péchés sur la terre, il dit au paralysé :

Bizarrerie du miracle, même si les guérisons de paralysés sont attestées plusieurs fois dans l’histoire. Psychosomatique ?

Qui est ce "Fils de l'homme" ?

Le titre « fils de l’homme » que Jésus se donne fait penser d’abord à ce personnage céleste qualifié de « fils d’homme » dans le jugement décrit dans le livre de Daniel (Dn 7, 10-13). Il s’agit du jugement de la fin des temps (Cf. aussi Mt 16, 28). On retrouvera ce « fils de l’homme » un peu plus loin (Mc 3, 28 et surtout Mc 11, 45) où l’expression semble désigner l’Incarnation du Serviteur. D’ailleurs, l’expression « fils d’homme » (Ez 2, 1) est équivalente du mot « homme ». Rappelons-nous à la crucifixion : « Vraiment cet homme était fils de Dieu » (Mc 15, 39). Le fils de l’homme est fils de Dieu.

11 'Je te dis : lève-toi, prends ton brancard et va dans ta maison." »

12 L’homme se leva, il prit aussitôt son brancard et il sortit devant tout le monde, si bien que tous étaient bouleversés et rendaient gloire à Dieu en disant : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. »

Pourquoi ce chant de gloired’une foule hors d’elle-même ?

Pourquoi ce commentaire : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil », comme si cette guérison était absolument unique et extraordinaire ? N’est-ce pas exagéré ?

Pourquoi cette expression « bouleversés » « hors d’eux-mêmes » pour les gens de la foule ? Serait-ce de la colère ou un instant de folie ?

Et le récit finit ici comme si le miracle était le seul but de Jésus. Le paralysé ne dit rien. On ne le voit plus. On n’en parle plus de tout l’évangile. Étrange histoire sans suite apparente

La glorification évoque la gloire de Dieu (Ez 1 et 2) c’est-à-dire sa manifestation, sa lumière, sa nuée lumineuse et obscure… Gloire à Dieu, est le chant du ciel, le chant des anges.

« Nous n’avons rien vu de pareil » est une phrase qui souligne le caractère unique de l’événement. Unique comme le « fils unique », comme le « sacrifice unique » de la messe. Il n’y a qu’une mort et qu’une Résurrection du Seigneur, ce que nous dit bien l’auteur de l’épître aux Hébreux : « Jésus nous a sauvés une fois pour toutes. (He 9, 26)

Révélation, message de foi :

  1. Jésus est rentré à la maison, ce qui permet au paralysé d’en sortir. Tel est le mouvement du récit qu’il va falloir comprendre.
  2. La bizarrerie centrale est le trajet du paralysé, parcours inhabituel que la foule bloquée devant la porte ne prend pas. Trajet du haut en bas, descente avons-nous vu, descente même dans un trou comme pour un enterrement. Et au fond du trou : Jésus. Il est là, il pardonne et il guérit.
  3. La maison apparaît d’abord comme un tombeau, comme le fond de l’abîme, comme cette grotte de Noël qui évoque le séjour des morts, des entrailles de la terre. Jésus y serait rentré pour que le paralysé puisse en sortir, guéri et sauvé.
  4. Quatre hommes sont nécessaires pour porter ce mort-vivant, incapable de bouger par lui-même. Et nous apprenons que cette démarche, ce parcours bizarre a été fait dans la foi. Foi d’une communauté qui porte à son Seigneur « l’enfant » qui, pour l’instant, ne peut marcher. Même image que le paralysé de la piscine de Bézatha qui attendait qu’on le porte dans l’eau (Jn 5, 7-8) Quand on sait que le Baptême primitif était une plongée dans l’eau, une immersion dans les profondeurs, dans la « mort » dit saint Paul (Rm 6, 3), on découvre et on contemple à travers ce récit du paralysé, une image du Baptême. Plonger dans la mort avec Jésus pour ressusciter en Christ. Entrer dans la maison-tombeau pour en sortir vivant devant la foule hors d’elle-même. Et ce mouvement a bien été rendu possible parce que Jésus est lui-même mort (rentré) et ressuscité. Evénement unique de Pâques !
  5. C’est d’ailleurs bien le Baptême qui nous fait enfant de Dieu, qui nous permet de dire Notre Père en Jésus Christ. Enfant-serviteur, appellation habituelle des disciples dans les évangiles, et non plus esclaves paralysés par le péché (Rm 8, 14-17). Et le paralysé sort de la maison, debout portant sur le dos ce qui a été longtemps sa « croix ». Il transporte avec lui sa civière devant une foule qui n’a encore rien dit. On pourrait dire que le paralysé porte sa croix comme Jésus l’a demandé à ses disciples (Mc 8, 34).
  6. La foule est « hors d’elle-même ». Penchera-t-elle du côté de la Loi et des scribes, ce qui transformera son attitude en colère et en injures (Mc 15, 29) ?  Acceptera-t-elle au contraire, de se laisser prendre par l’amour, de reconnaître sa paralysie, et de sortir tout à fait de la maison-tombeau et non pas seulement à l’instant du miracle ?
  7. Et qu’est-ce que cette maison-tombeau ? Ce n’est pas un lieu matériel : il semble que ce soit un trajet, le chemin de Pâques, la « voie étroite » qui mène au Salut. Disons en abandonnant toute représentation spatiale, que cette maison pourrait bien être l’Église, ce lieu où l’on peut vivre le mystère pascal en Jésus Christ.

Cette méditation est proposée par Claude et Jacqueline Lagarde dans Catéchèse biblique symbolique T1.

 

Voici à nouveau un modèle qui peut paraître inaccessible, comme un « miracle », et dont rêvent pourtant tous les éducateurs : mettre ou remettre debout le jeune.

A ceux qui se scandalisent Jésus répond par sa propre surprise : quel est le plus facile, s’occuper du corps ou s’occuper du ‘cœur’ ? Surtout, ne pas les dissocier, mais honorer les deux dans l’ordre. La cause de la paralysie n’est pas forcément ce que nos regards de chair perçoivent d’abord. La vraie cause est spirituelle. Le regard du Christ la dévoile : le désaccord avec la volonté du Père, ce que la tradition appelle « péché ». Si ce désordre est guéri, le corps aussi est guéri. Le signe du paralysé guéri est donc l’image dont Marc se sert, avec Jésus, pour nous dévoiler la réalité spirituelle du mal.

Ce signe de contradiction dévoile les cœurs par la même occasion. Nous sommes placés devant un choix radical et nous seul pouvons trancher : prendre prétexte de la Loi pour éviter le bien, ou accomplir la Loi en faisant le bien. Préférer nos œuvres ou préférer l’œuvre du Père. Vivre libres, comme les enfants, ou esclaves comme les observateurs de la loi qui se croient justes pour avoir respecté la lettre de l’Écriture. Avec les scribes et la foule nous devons prendre position par rapport au témoin qui accomplit sous nos yeux l’œuvre du Père. La vraie paralysie n’est pas celle du corps mais celle du ‘cœur’, au sens biblique du terme, lieu des décisions vitales. Si je suis ajusté à la volonté du Père, mon corps tout entier est dans la lumière. C’est d’une simplicité confondante et c’est bien ce que Jésus nous dit : « facile » ! Vas-y ! Lève-toi ! Ose !

La clé est donc ce pardon qu’on peut s’abaisser à recevoir comme le paralysé. Reconnaître que cette voie étroite empruntée par le Christ est un chemin de croissance humaine parce que spirituelle. Il y faut une conversion car à première vue cet ‘abaissement’ a plutôt un goût de mort.

4- Ouverture à la Parole biblique comme chemin de croissance.

Une école où l’on oserait accueillir l’homme tout entier :

  1. Une école où on remet debout jeunes et adultes.
  2. Une école où l’on ne dissocie pas le corps de l’esprit ou de l’âme.
  3. Une école où l’on est plus attaché à l’écoute des personnes qu’à l’écoute de la loi.
  4. Une école où l’on pratique la justice sans être paralysé par le qu’en dira-t-on.
  5. Une école où l’on fasse confiance à l’Esprit pour agir en conscience.

 

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