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V-V072-AG-CE : Cl. Berruer [5] Pastorale: état des lieux

 
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Assemblée générale des Chefs d'Établissement du réseau mennaisien
Intervention de Claude Berruer : "Pastorale scolaire" [5] État des lieux

1-État des lieux

Comment envisager aujourd'hui la pastorale scolaire dans le contexte interculturel qui est le nôtre (différentes fois, religions, philosophies plus l'agnosticisme et l'athéisme...). Cette interculturalité n'est pas que le fait des élèves à qui notre pastorale s'adresse mais aussi celui des adultes qui les encadrent aujourd'hui dans cette école qui se veut ouverte à tous. Le texte sur ce sujet présenté au CNEC du 8 juin me semble très intéressant. Comment donc dans ce cadre  penser cette pastorale pour tous et avec tous ?      Une intervention de 45' aussi (ou un peu plus si besoin) suivie d'un temps de travail en groupe (6x6) et remontées en assemblée. Comment chacun peut se sentir concerné ? Quelle position peut prendre le Chef d'établissement? comment peut-il envisager la fonction de son APS dans ce contexte ? Etc...

Rapide état des lieux.

Quelques éléments chiffrés.  Difficile en France compte-tenu de

  • L’immigration chinoise. 600 000 personnes…
  • Présence bouddhiste en France. 800 000 personnes dont 150 000 convertis.
  • Les islam.
    • 4à 5 % dont 46 % sécularisés.
    • 26 % en position intermédiaire (piété et signes d’appartenance),
    • 28 % dans des quartiers périphériques, avec de fortes tendances conservatrices.

Toute culture est produit d’un métissage : c’est quoi la culture française chimiquement pure. Toute culture est le fruit de rencontres successives.

  • Rome et la Grèce.
  • La Renaissance française est le produit des conquêtes italiennes.
  • Les langages. (Alphabet latin, chiffres arabes, langage numérique anglo-saxon...). L’origine des mots ne cesse de circuler. Le MANAGEMENT, c’est l’art de ménager. Le coaching, c’est l’art du cocher pour accompagner la personne d’un point A à un point B. Notre origine est toujours métis.

L’ambiguïté permanente de la relation à l’autre :

  • Curiosité, désir de rencontre et tentation du rejet, de la stigmatisation, de l’exclusion. A la fois, envie et peur.
  • Alliance / aliénation. Alius : l’enfer, c’est les autres.
  • Altérité / altération.  Alter = autre… Le rapport à l’autre crée-t-il un rapport d’altérité et d’altération.

Quelques spécificités françaises. Congrégation romaine pour l’Enseignement Catholique dans le gouvernement de l’église : ne pas aller trop vite sur l’interreligieux, mais regarder la religion comme un phénomène inscrit dans la culture. Cf. Les musulmans en école catholique. La question aujourd’hui est non seulement religieuse, mais surtout culturelle. On vit dans de l’inter- pour mettre du lien, de la connexion, entre les cultures.

Spécificité française forte.

  •  La construction précoce de la Nation. (Philippe Auguste, Philippe Le Bel) Un territoire circonscrit par ses frontières…, soucieuse de sa spécificité.
  •  Une centralisation installée assez tôt dans l’histoire. Archives centralisées : l’administration, le pouvoir… La décentralisation est compliqué car on recrée du centralisme ailleurs.
  •  Le renforcement de ces spécificités, avec la naissance de la République « une et indivisible ». Une culture unique qui ne se laisse pas altérer par d’autres ?
  •  L’école républicaine fondée pour former des citoyens aptes à défendre la patrie. On enseigne l’histoire nationale, la seule langue française : centralisation, uniformisation pour une culture unique.
  •  Le débat, à sans cesse reprendre, entre l’intégration et l’assimilation. Ce n’est pas rien d’accueillir l’étranger : l’italien, la portugais, le polonais… autant qui partageaient la même religion sans pour autant que cette intégration soit joyeuse. Assimilation ou intégration : quel part de ce que tu es conserves-tu ?
  •  L’invention de la laïcité. Réinventée au XIXème : exclusion de toute différence pour construire un espace public neutre ou exigence du respect de la liberté de conscience de chacun mais autorise l’expression de son particularisme. L’expression est un roi fondamental, mais on a le droit de ne rien dire (le fonctionnaire).
  • Le passé colonial. Cela complique notre relation à certaines populations.

La question christianisme / Islam.

  • Des polythéismes aux monothéismes chrétien et musulman. Dans l’antiquité, pas de mal à construire de l’interreligieux : la Panthéon accueille tous les dieux vénérés par les uns et les autres. Un seul Dieu ne permet plus cette ouverture.
  • Mission, prosélytisme et conquête.
  • Au-delà de la question religieuse, une question culturelle : la tension occident / Orient et Maghreb ; le conflit israélo-palestinien. Des fils d’une rare complexité car des imbrications à notre propre histoire et une actualité extrêmement chargée.    

Une complexité accrue :

  • Par le contexte économique. Les émigrés responsables du chômage, des phénomènes de ghettoïsation, …
  • Par des choix d’aménagement du territoire.

Par les fractures sociales générées. L’étagement verticale a donné place à une répartition horizontale. Des quartiers isolés, sources de violence et de rapports difficiles entre les cultures.

Des risques d’uniformisation : on mange Mac Do partout dans le monde ; Notre rapport à la nourriture a beaucoup évolué : une vraie diversité qui n’a pas été tué par le fastfood : une vraie richesse. Une laïcité militante : cf. Mélenchon : un discours violent contre toutes les religions. Débat sur le bikini… (mort à Venise de Visconti). Des arrêtés pour affirmer ce que les gens doivent porter sur les plages.

 

Déchristianisation, sécularisation, athéisme, agnosticisme.

  • Les trois moments de la sécularisation. Commencé à la Renaissance avec l’installation de la liberté de pensée : fondée par la lecture de la Bible, l’accès à la culture… Importance de former à la capacité de penser, de discerner,… Monarchie de droit divin, l’origine du pouvoir était divine.
  • L’indifférence religieuse en France et ses paradoxes
  • Différentes formes d’athéisme. « On désigne sous le nom d’athéisme des phénomènes entre eux très divers. En effet, tandis que certains athées nient Dieu expressément, d’autres pensent que l’homme ne peut absolument rien affirmer de lui. D’autres encore traitent le problème de Dieu de telle façon que ce problème semble dénué de sens. Beaucoup outrepassant indûment les limites des sciences positives, ou bien prétendent que la seule raison scientifique explique tout, ou bien, à l’inverse, ne reconnaissent comme définitive absolument aucune vérité. Certains font un tel cas de l’homme que la foi en Dieu s’en trouve comme énervée, plus préoccupés qu’ils sont, semble-t-il, d’affirmer l’homme que de nier Dieu. D’autres se représentent Dieu sous un jour tel que, en le repoussant, ils refusent un Dieu qui n’est en aucune façon celui de l’Évangile. D’autres n’abordent même pas le problème de Dieu : ils paraissent étrangers à toute inquiétude religieuse et ne voient pas pourquoi ils se soucieraient encore de religion. L’athéisme, en outre, naît souvent, soit d’une protestation révoltée contre le mal dans le monde, soit du fait que l’on attribue à tort à certains idéaux humains un tel caractère d’absolu qu’on en vient à les prendre pour Dieu. » (GS, 19,2)

 

L’accord assez grand sur la morale commune (Jules Ferry dans la morale des pères) était réel. On se battait sur l’origine de la morale : pour l’instituteur, le fondement se trouvait dans la raison, pour le prêtre, dans la religion. Aujourd’hui, difficile de trouver le consensus : ma vie, c’est ma vie… Il n’y a pas de vie commune sans interdit. Si l’éducateur ne peut plus rien dire, il n’y a plus rien à partager. Dans le Concile, Gaudium et spes. Quel dialogue possible entre ce qui reste de la culture populaire, parfois très éloigné de celle de l’Evangile, et la réalité ?

[notes : JJ Erceau]
[diaporama PDF]